

Cyclisme: le mouvement propalestinien éclipse le duel entre Vingegaard et Almeida sur la Vuelta
La Vuelta entre dans sa dernière semaine et le duel entre Jonas Vingegaard et Joao Almeida a beau être plein de suspense pour la victoire finale, il est éclipsé par les manifestants propalestiniens qui dénoncent la présence dans le peloton de l'équipe Israel-Premier Tech.
Quarante-huit secondes seulement séparent au classement général le leader danois de Visma-Lease a bike de son dauphin portugais, porté par la force collective d'UAE Team Emirates. Lundi pourtant, lors de la seconde journée de repos du Tour, ce n'est pas leur rivalité qui retenait l'attention.
Israel-Premier Tech, qui a refusé de se retirer de la course, a décidé samedi d’ôter le nom du pays des maillots de ses sept coureurs encore en course, dont l'Américain Matthew Riccitello, septième au général et en lutte pour le maillot blanc du meilleur jeune, "pour privilégier la sécurité" de ses coureurs et de "l'ensemble du peloton".
Le geste de l'équipe privée, créée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams, n'a pas apaisé les tensions. Les protestations, incessantes depuis que la Vuelta, partie d'Italie, est arrivée en Espagne, se sont poursuivies. Dimanche, lors de la 15e étape, un manifestant a indirectement provoqué la chute, sans gravité, de l'Espagnol Javier Romo (Movistar) et de l'Allemand Maximilian Schachmann (Soudal Quick-Step).
- Rumeurs démenties -
"Ce type d'actions est intolérable", a réagi la direction de course, qui avait déjà dû écourter la 11e étape, mercredi à Bilbao, par craintes de débordements de militants massés sur la ligne d'arrivée.
"Nous reconnaissons le droit de tous à manifester pacifiquement pendant la Vuelta, mais ce que nous ne pouvons pas permettre, ce sont des intrusions ou toute autre action mettant en danger la sécurité", a martelé le directeur général de l'épreuve, Javier Guillén.
Pour éviter les débordements, les organisateurs ont installé des double barrières aux arrivées d'étapes.
Vendredi, un des deux directeurs sportifs de l'équipe, l'Espagnol Oscar Guerrero, avait confié la "peur" des coureurs et de l'encadrement. "On subit des insultes, toutes sortes d'attaques verbales, c'est dur", a-t-il dit.
Dans ce contexte particulièrement tendu, le bruit a couru ce week-end que la course pourrait s'arrêter samedi prochain, avec l'annulation pure et simple de la 21e et dernière étape prévue dimanche à Madrid, où des manifestations sont prévues.
Sollicitée par l'AFP, l'organisation de la Vuelta a démenti "les informations publiées sur une possible annulation de la 21e étape". La veille, le public sera interdit d'accès au dernier kilomètre de l'ascension de la Bola del Mundo, où sera jugée l'arrivée de la 20e étape, en raison, cette fois, des plaintes des écologistes concernant les déchets laissés lors d'éditions précédentes, a-t-elle précisé.
- "Un forum pour être entendus" -
Dans une interview accordée à la télévision danoise TV2, Jonas Vingegaard s'est exprimé dimanche sur cette question sensible. "En ce qui concerne les discussions sur les manifestations, vous savez, les gens le font pour une raison. Ce qui se passe actuellement est horrible", a-t-il dit.
"Je pense que ceux qui manifestent le font ici parce qu'ils ont besoin d'un forum pour être entendus. Ils ont besoin que les médias leur donnent l'espace et la possibilité de faire entendre leur voix, et c'est pour cela qu'ils le font ici", a poursuivi le champion danois.
Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023 suivie par les représailles israéliennes, plusieurs courses, dont le dernier Tour de France, ont été marquées par des manifestations propalestiniennes.
Mais l'ampleur des protestations lors de cette 80e édition de la Vuelta a pris une autre dimension, dans un pays qui a reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024 et où le soutien à la cause palestinienne est très fort.
Mardi, la course doit reprendre par une étape de moyenne montagne, entre Poio et Mos, avec quatre cols, dont un de première catégorie et deux de deuxième catégorie. Suivront notamment un contre-la-montre individuel très roulant de 27 km jeudi autour de Valladolid jeudi, puis l'étape de la Bola del Mundo (12,3 km à 8,6% de moyenne), samedi, où la lutte pour le podium devrait être tranchée.
P.Caruso--MJ