

Ukraine: le Kremlin s'attend à des négociations "très compliquées" avec Kiev à Istanbul
Le Kremlin a dit s'attendre à "une discussions très compliquée" avec Kiev lors des négociations de paix prévues mercredi soir à Istanbul, éloignant à nouveau la possibilité d'avancées diplomatiques rapides pour mettre fin à la guerre.
"Personne ne s'attend à un chemin facile. Bien entendu, ce sera une discussion très compliquée", a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, en répétant que les propositions respectives des belligérants pour arrêter le conflit étaient "diamétralement opposées".
Cette troisième session d'échanges directs à Istanbul intervient, une nouvelle fois, sous la pression du président américain Donald Trump qui a donné à Moscou, mi-juillet, 50 jours pour parvenir à un accord avec Kiev, sous peine de sanctions sévères.
Kiev et ses alliés occidentaux accusent le Kremlin de bloquer les négociations en maintenant des demandes maximalistes, alors que l'armée russe, plus nombreuse et mieux équipée, poursuit ses bombardements et ses attaques sur le front, où elle grignote toujours du terrain.
Mercredi, le ministère russe de la Défense a ainsi revendiqué la conquête d'un nouveau village, Varatchyné, dans la région ukrainienne de Soumy (nord-est).
Dans ce sens, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas avait jugé que le délai de 50 jours de M. Trump représentait une durée "très longue" quand des "civils innocents meurent tous les jours".
Le conflit, déclenché en février 2022 par l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine, a fait a minima des dizaines de milliers de morts dans les deux camps, civils et militaires.
- "Mémorandums" et échanges de prisonniers -
Selon Kiev et Moscou, leurs délégations étaient en route mercredi à la mi-journée pour Istanbul, où les pourparlers sont prévus dans la soirée.
Les précédents pourparlers à Istanbul de mai et juin n'avaient débouché que sur des accords d'échanges de prisonniers et de corps de soldats tués. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué mardi s'attendre à discuter avec Moscou de nouveaux échanges et du rapatriement d'enfants ukrainiens emmenés en Russie.
La délégation ukrainienne à Istanbul sera menée comme les fois précédentes par l'ex-ministre de la Défense Roustem Oumerov, réputé fin diplomate.
Mercredi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a également affirmé que la composition de l'équipe russe restait "inchangée" et sera menée, comme les fois précédentes, par un responsable de second plan, au grand dam de Kiev: l'ex-ministre de la Culture et historien nationaliste Vladimir Medinski.
Selon M. Peskov, les discussions prévues mercredi porteront principalement sur les "mémorandums" échangés en juin par les deux camps et comprenant leurs propositions de paix qui, toujours selon M. Peskov, sont "diamétralement opposées".
Il sera également question, lors des pourparlers, "du processus très important" d'échanges de prisonniers, a confirmé M. Peskov.
- Nouvelles frappes nocturnes -
Sur le terrain, les frappes et combats se poursuivent.
Dans la nuit de mardi à mercredi, 71 drones russes ont visé l'Ukraine, selon l'armée de l'air, blessant deux enfants dans la région ukrainienne de Kherson (sud) où une femme a également été tuée par une frappe d'artillerie russe, d'après les autorités locales.
Pour sa part, l'armée russe a affirmé avoir neutralisé pendant la nuit 33 drones ukrainiens lancés contre son territoire.
La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées de l'est et du sud du pays, en plus de la Crimée annexée en 2014, renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'Otan.
Des conditions inacceptables pour l'Ukraine, qui veut le retrait des troupes russes de son territoire et des garanties de sécurité occidentales dont la poursuite des livraisons d'armes et le déploiement d'un contingent européen, ce à quoi s'oppose Moscou.
Kiev insiste aussi, de concert avec ses alliés européens, sur la nécessité d'un cessez-le-feu de 30 jours, auquel se refuse Moscou, dont les forces ont l'avantage sur le terrain.
Depuis son retour au pouvoir, le dirigeant américain Donald Trump s'est, lui, rapproché de Moscou pour tenter d'arrêter la guerre. En vain.
Ces dernières semaines, il a exprimé sa frustration à l'égard de Moscou. Il a également affirmé que des équipements militaires, payés par des pays européens membres de l'Otan, seraient envoyés à l'Ukraine.
E.Rizzo--MJ