France: le festival BD d'Angoulême "est en danger de mort", alertent 22 lauréats
Le festival de bande dessinée d'Angoulême, dans le sud-ouest de la France, l'un des plus célèbres au monde, est en "danger de mort", ont alerté lundi 22 dessinateurs lauréats de son prix le plus prestigieux, alors que les appels au boycott de l'événement se multiplient.
"Le festival accumule les scandales, les erreurs de communication et le manque d'ambition, tout cela dans une totale opacité de gestion", dénoncent dans une tribune les signataires qui appellent à "un changement rapide et profond" passant par le retrait du gestionnaire historique du festival, 9eArt+, reconduit samedi comme organisateur.
Cet appel, publié sur le site du quotidien communiste L'Humanité, est signé notamment des Américains Art Spiegelman et Chris Ware, du Belge François Schuiten, de la Britannique Posy Simmonds et des Français Florence Cestac, Riad Sattouf, Jacques Tardi, Lewis Trondheim ou Willem, y compris la lauréate du Grand prix 2025, Anouk Ricard.
"Il est grand temps de tourner la page de 9eArt+ pour que le festival retrouve, avec de nouveaux opérateurs, les valeurs qui ont construit sa notoriété internationale", poursuivent-ils.
La société 9eArt+, organisatrice du festival depuis 2007, a été reconduite samedi à l'issue d'un appel d'offres critiqué pour son opacité. Il lui a toutefois été demandé de s'associer avec la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image - un établissement culturel public local - pour organiser les éditions à compter de 2028.
Cette annonce a suscité la colère d'une très grande partie du secteur de la BD, après une édition 2025 marquée par une grave crise de confiance avec 9eArt+, accusée de dérives commerciales, d'opacité et d'avoir licencié une salariée après une plainte pour viol en 2024.
Sur les réseaux sociaux, les appels au boycott se sont multipliés ces derniers jours, relayés par de grands noms de la BD, comme les Françaises Pénélope Bagieu ou Catherine Meurisse.
Lundi, Anouk Ricard s'est dite "effarée" par le choix de reconduire le délégataire historique du festival, confirmant son choix de boycotter l'événement.
Dans une réaction à l'AFP, le ministère français de la Culture a regretté que "les contours des éditions futures restent flous, en dépit des efforts constants des financeurs publics et des attentes des auteurs, des éditeurs et des festivaliers".
La Cité internationale de la BD et 9eArt+ ont jusqu'au 20 novembre pour présenter un projet commun. Le ministère de la Culture a dit attendre "l'issue des discussions pour prendre une position définitive".
L.Costa--MJ